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Arbre et fruitiers









































D'autres modèles sont nécessaires 

Le modèle dominant actuel, l'agriculture intensive et industrielle, a besoin d'être repensé.

Certes, les deux dernières révolutions qui ont touchées l'agriculture, le développement des transports (et ainsi la logique d'échanges de denrées agricoles) et l'intentification de l'agriculture (plus exactement, une intensification des facteurs de production : mécanisation, pesticides et engrais de synthèse) avec l'augmentation des rendements des principales céréales de 1940 à 1970, ont permis de produire de la nourriture en quantité suffisante pour 7 milliards de personnes. Cette nourriture est cependant aujourd'hui très male répartie et distribuée (1 milliard de personnes gravement sous-alimentées, 1,3 milliard de personnes en sur-poids).

Mais à quel prix et quelles conséquences !

Apprauvrissement des agriculteurs (600 millions d'entres eux sont touchés par la famine), dépendance des agriculteurs à l'industrie agro-alimentaire, dépendance totale au pétrole, contribution au changement climatique, pollution des sols et de l'eau, érosion des sols, contribution à la perte de biodiversité.

Ce modèle n'est pas durable, ne serait-ce pour sa dépendance au pétrole.


Quelle production agricole pour quelle alimentation ?

Important, la question du modèle agricole ne peut être détachée de celle de l'alimentation.

Si l'on veut avoir une production agricole compatible avec les enjeux écologiques, on a besoin de requestionner le système alimentaire.

Et la question de l'équilibre entre la production de viande et la production végétale tient une place particulière, notamment dans les pays de l'OCDE (Europe, Etats-Unis, Canada, Japon, Australie) où la consommation de viande est très importante.

Il convient donc de penser nos systèmes comme des systèmes agricoles et alimentaires et non seulement comme des systèmes agricoles.


D'autres modèles sont possibles

Il y a plusieurs options et modèles possibles pour l'agriculture et le système alimentaire mondial, autre que le modèle agricole intensif industriel.

Scénarios Agrimonde

L'INRA et le CIRAD ont mené, entre 2006 et 2008, une vaste étude prospective : "Agrimonde. Agricultures et alimentations du monde en 2050 : scénarios et défis pour un développement durable", publiée en février 2009. 

Elle explore les futurs possibles des agricultures et des alimentations du monde en 2050 et vise à fournir à la recherche agronomique les moyens de préparer l'avenir en terme d'orientation de la recherche et de positionnement stratégique au niveau internationnal...

Deux scénarios sont étudiés, représentant des trajectoires possibles parmi la multiplicité des mondes possibles :
- Agrimonde GO, reprenant un des 4 scénarios exploratoires contruits par le Millennium Ecocystem Assessment, "l'orchestration globale : une société mondialement connectée dans laquelle la croissance économique prime".  Ce scénario, le plus tendantiel des 4, correspondant au prolongement des tendances actuelles à l'oeuvre et des dynamiques enclenchées, est analysé sous l'angle des sysèmes agricoles et alimentaires.
- Agrimonde 1. Ce scénario est normatif, en rupture avec les scénarios du MEA et avec les principales tendances aujourd'hui à l'oeuvre. Il envisage en 2050 un monde qui a su instaurer un système agricole et alimentaire durable et interroge les chemins qui y mènent.

Les hypothèses quantitatives et qualitatives

Les deux scénarios reposent une hypothèse d'une population mondiale d'un peu moins de 9 milliards d'humains en 2050, soit la projection médiane de l'ONU établie en 2006, une augmentation de 42 % entre 2000 (6,2 milliard d'humains) et 2050.

Les principales différences entre les deux scénarios concernent la quantité disponible en produits alimentaires, dont celle en produits d'origine animale,  l'occupation des sols et les rendements des cultures alimentaires.

Pour produire 1 calorie d'aliment d'origine animale, 6 calories d'aliments d'origines végétales doivent être consommées
(en moyenne, selon les types de viandes).





Situation en 2000 Agrimonde GO en 2050 Agrimonde 1 en 2050
Disponibilité en aliment
La disponibilité moyenne mondiale est de 3 000 kilocalories par habitant et par jour, 2 500 d'origine végétale et 500 kcal d'oringine animale, avec de grandes disparités :
pour les pays de l'OCDE, un peu moins de 4000 dont 1200 d'origine animale, pour l'Afrique subsaharienne,  2400 dont 200 d'origine animale.

En 2003, production mondiale journalière de  29 341 Gkcal végétales et 3 544 Gkcal animales.
Le scénari Agrimonde GO table sur une disponibilité moyenne de 3600 kcal par habitant et par jour, dont 830 de viande, avec encore des disparités alimentaires entre les régions.

Besoin en production mondiale journalière de 53 990 Gkcal végétales et 8 407 Gkcal animales.
Le scénari Agrimonde 1 table sur une convergence des disponibilités alimentaires entre les régions du monde à 3000 kcal par habitant et par jour, dont 500 d'origine animale. Elle s'accroît donc en Asie et en Afrique subsaharienne là où elle est insuffisante, et dimunie dans les pays riches grâce à une réduction de la consommation de viande et à une diminution des pertes alimentaires.

Besoin en production mondiale journalière de 37 646 Gkcal végétales et 4274 Gkcal animales.
Occupation des sols

et

rendements des cutlures almentaires
Surfaces cultivées estimées en 2000 par la FAO à 1500 millions d'hectares, soit 11 % de la surface de la terre.
Pâtures estimées à 3 300 millions d'hectares.
Les forêts à plus de 4 000 millions d'hectares.

Surface totale : Plus de 13 000 milions d'hectares.
Plus de rendement
L'augmentation de la production alimentaire repose d'une part, sur une hausse importante des rendements des terres cultivées (+1,14 % par an, et ainsi une augmentation limitée de ces surfaces à 314 millions d'ha, +20 %).
D'autre part, par l'augmentation des pâtures de 67 millions d'ha, + 2 %.

Les forêts diminuent de 47 millions d'ha, (-1 %).

Par contre, les autres surfaces diminuent de façon conséquentes, le rapport ne précise par lesquelles (zones humides, toundra....) ?
Moins de pâtures, plus de cultures
L'augmentation de la production alimentaire repose essentiellement sur une augmentation, au détriment des pâtures, de terres mises en cultures (+591 millions d'ha, +39 % entre 2000 et 2050) principalement en Amérique Latine, en Afrique subsaharienne et en Russie, permettant une augmentation limitée de la productivité par hectare à 0,14% par an, compatible avec une logique environnementale.

Les pâtures, variable d'ajustement, reculent quant à elles de façon importante (-494 millions d'ha, -15 %).

Les forêts diminuent également de -1%.
Les autres surfaces n'évoluent pas.

Occupation des sols selon Agrimonde 1 et G0


Des hypothèses sur les variables qualitatives sont aussi posées : contexte mondiale, régulations internationales, les dynamiques de la production agricole, dynamique de consommation de la biomasse, les stratégies des acteurs, les connaissances et techniques dans le champ de l'agriculture et de l'alimentation.


Ces scénarios ont la vertu de mettre l'accent sur les changements et les transformations à envisager. Ces transformations sont dépendantes les unes des autres et doivent être envisagées dans toutes leurs dimensions techniques, sociales, économiques et politiques. 

Enfin, le scénario Agrimonde 1 ouvre une possible intégration de la fonction de production et de conservation de la biodiversité au sein du même agro-écosystème. 

Etude IAASTD

L'étude IAASTD a mobilisé 400 experts internationaux pendant deux ans pour réaliser dans le domaine de la production agricole une étude simillaire à celle menée par le GIEC sur le climat.

Les conclusions : le développement agricole doit être réorienter vers des approches plus holistiques, plus systémiques.
Un developpement durable en agriculture nécessite un changement fondamentale dans la production, non seulement des aliments, mais aussi des connaissances.

Bien que certains systèmes agricoles durables pratiqués par des agriculteurs font la preuve au quotidien de leur efficacité, de nombreuses connaissances sont encore manquantes pour créer, pour chaque production (maraîchage, arboriculture, cultures céréalières...), des systèmes différents du modèle intensive.


Les approches plus écologiques doivent être appuyées.


L'agroécologie comme option, comme orientation

Réfléchir et mettre en oeuvre une production et alimentation nouvelles peut se faire en s’appuyant sur l’agroécologie comme disipline scientifique, pratique, mouvement social, et même éthique. C'est un cadre pour la transition de nos systèmes alimentaires.


Ces informations reprennent principalement les propos de Philippe Baret, professeur de génétique à l’Université Catholique de Louivain, et Pierre M. Stassart, enseignant-chercheur en sociologie à l’Université de Liège à Arlon, lors d'une conférence le 23 juin 2010,
« L’agroécologie, un cadre pour la transition de nos systèmes alimentaires ». Ils sont chercheurs associés à Etopia, centre d'animation et de recherche en écologie scientifique.

Ecouter la conférence de Philippe Baret et de Pierre M. Stassart 
Ecouter
dernière mise à jour : 
le 1 mars 2013